"L'art dégénéré" au musée Picasso en mars 2025


L'histoire toujours recommencée...

L'ART «DÉGÉNÉRÉ». LE PROCÈS DE L'ART
MODERNE SOUS LE NAZISME
L'expression nazie «art dégénéré » désigne une campagne publique d'exclusion et de destruction de l'art moderne, s'étalant sur plus de dix ans, depuis l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler en 1933 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Au cours de cette campagne, plus de mille quatre cents artistes sont insultés, livrés à la vindicte, limogés de leur poste d'enseignant, interdits d'exposer et de travailler, menacés physiquement ou contraints à l'exil. Autant de vies soudainement et violemment percutées. Les oeuvres appartenant aux collections publiques sont confisquées pour être mises en scène dans des expositions diffamatoires. Certaines sont détruites; d'autres vendues. L'attaque contre l'art moderne vise des artistes allemands ou non, vivants ou passés - Emil Nolde comme Pablo Picasso, George Grosz comme Vincent Van Gogh. Ce sont toutes les tendances de la modernité, de l'expressionnisme à l'abstraction, de Dada au courant de la Nouvelle Objectivité, qui se trouvent condamnées en bloc. En finir avec l'art moderne, production d'« idiots », de « malades mentaux»>, de << criminels »>, de «spéculateurs », de <<juifs >>, de «bolcheviques », pour faire advenir un art sain, image de la race allemande, tel est le programme que se donne la révolution culturelle nazie. Elle reprend ici un ensemble de discours élaborés tout au long du XIXe siècle en Europe, qui opposent à une pureté fantasmée la menace de la «dégénérescence». Les oeuvres et les documents présentés dans cette exposition sont les témoins de cette histoire.
KAREL NIESTRATH (1896-1971)
1924
Les Simples [Die Einfaltigen]
Béton
Neues Museum - Staatliche Museen zu Berlin, Leihgabe
der Bundesrepublik Deutschland, Berlin
VZO/50 If 25068/46
Impression numérique d'après la photographie originale
Archives Märkisches Museum Witten, Allemagne
Œuvre présentée à l'exposition « Art dégénéré » («<Entartete Kunst >>), Hambourg, 1938
RICHARD HAIZMANN (1895-1963)
1929
Figure [Figur]
Marbre
Neues Museum - Staatliche Museen zu Berlin, Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland, Berlin
VZO/46 If 25068/200
Impression numérique d'après le photographie originale
BPK, Berlin, Dist. Grand Palais Rmn / image BPK / Zentralarchiv, SMB
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst >>), Munich

RICHARD HAIZMANN (1895-1963)
Figure [Figur]
1929
Marbre
Neues Museum - Staatliche Museen zu Berlin, Leihgabe
der Bundesrepublik Deutschland, Berlin
VZO/46 If 25068/200
Impression numérique d'après le photographie originale
BPK, Berlin, Dist. Grand Palais Rmn / image BPK / Zentralarchiv, SMB
Œuvre présentée à l'exposition « Art dégénéré » («< Entartete Kunst >»), Munich, 1937

MARG MOLL (1884-1977)
vers 1930
Danseuse (Tänzerin]
Laiton
Neues Museum - Staatliche Museen zu Berlin, Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland, Berlin
VZO/49 If 25068/44
Impression numérique d'après la photographie originale
Zentralarchiv der Staatlichen Museen zu Berlin, Allemagne
Euvre présentée à l'exposition Art dégénéré» («Entartete Kunst »), Munich, 1937
Ces quatre ceuvres font partie des seize frag- ments de sculptures retrouvés en 2010 lors de fouilles archéologiques sur le tronçon d'une future ligne de métro à Berlin. Toutes ont été réalisées par des artistes considérés comme « dégénérés». Entreposées dans un immeuble à l'issue de l'itiné- rance de l'exposition «Art dégénéré», elles sont enfouies dans les décombres lors des bombarde- ments qui frappent la ville en 1944. On les pensait perdues ou détruites avant cette redécouverte. Elles sont aujourd'hui conservées dans les collec- tions archéologiques du Neues Museum à Berlin.

ERNST BARLACH (1870-1938)
Les Retrouvailles (Le Christ et saint Thomas) [Das Wiedersehen (Thomas und Christus)]
1926 (fonte entre 1930 et 1938)
Ernst Barlach Haus-Fondation Hermann F. Reemtsma, Hambourg P2008/001
RUDOLF BELLING (1886-1972)
1925
Tête en laiton (Toni Freeden) [Kopf in Messing (Toni Freeden)]
Laiton
Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München et Gabriele Münter[1]
und Johannes Eichner-Stiftung, Munich
G 16262

GERHARD MARCKS (1889-1981)
vers 1924
Jeune garçon debout [Stehender Junge]
Bronze
Hanse- und Universitätsstadt Rostock, Kulturhistorisches Museum Rostock 16251
Œuvre présentée à l'exposition « Art dégénéré» («<Entartete Kunst»), Munich, 1937

EMIL NOLDE (1867-1956)
Ferme de Hülltoft
[Hülltoft Hof]
1932
Huile sur toile
Hamburger Kunsthalle, don Alfred Voss en 1934; confisqué par la commission
«art dégénéré » en 1937; don des héritiers Alfred Voss en 2002
HK-5630 (2669)
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» (« Entartete Kunst >>), Munich, 1937

GEORG GROSZ (1893-1959)
Metropolis
1916-1917
Huile sur toile
Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid
569 (1978.23)
Œuvre présentée à l'exposition Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937
Dans ce tableau, George Grosz présente une allégorie des grandes villes, tentaculaires et chao- tiques. Acquise par la Kunsthalle de Mannheim en 1924, elle est l'une des premières œuvres de l'artiste à entrer dans une collection publique allemande. Dès la prise du pouvoir par les nazis, l'atelier de l'artiste est saccagé et Metropolis est présenté dans l'exposition diffamatoire «Images du bolchevisme culturel ». Grosz fuit l'Allemagne et s'exile à New York. Après son exposition en 1937, l'œuvre est vendue en 1939 et rejoint les États- Unis où elle sera rachetée plus tard par l'artiste.

PAUL KLEE (1879-1940)
1920
Rythme des fenêtres [Rhythmus der Fenster]
Huile sur carton
Staatsgalerie Stuttgart, acquise en 1924, confisquée en 1937, rachetée grâce aux fonds de la Museumsstiftung Baden-Württemberg et avec le soutien de la Kulturstiftung der Länder, de la Ernst von Siemens Kunststiftung, de la Landesbank Baden-Württemberg, de la Adolf Würth GmbH & Co. KG et des Amis de la Staatsgalerie Stuttgart en 2007
3783
Euvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937
KARL HOFER (1878-1955)
1923-1924
Amies [Freundinnen]
Huile sur toile
Hamburger Kunsthalle, acquis en 1924; confisqué par la commission «art dégénéré en 1937; acquis de nouveau en 1947
HK-2832
Euvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst >>), Munich, 1937
La toile Amies présente l'image d'une huma- nité vulnérable et fraternelle dans un paysage sombre marqué par le souvenir de la Grande Guerre. Suspendu de son poste de professeur à l'Académie des beaux-arts de Berlin peu après l'arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes, Karl Hofer est finalement renvoyé à l'été 1934. Dix oeuvres de l'artiste, dont ce tableau, sont présen- tées en 1937 à l'exposition « Art dégénéré ». En 1938, Hofer est exclu de la Chambre des beaux- arts du Reich en raison des origines juives de sa femme Mathilde, ce qui entraîne l'interdiction d'ex- poser et de vendre ses oeuvres. Après son divorce en 1939, Hofer voit son inscription à la Chambre des beaux-arts du Reich rétablie. Mathilde Hofer sera assassinée à Auschwitz en 1942.
OTTO DIX (1891-1969)
1928
Tempera Huile et sable 
Portrait du peintre Franz Radziwill (Bildnis des Malers Franz Radziwill)
Kunstpoort, Dimeldorf Q1358.5427
EMIL NOLDE (1867-1956)
1915
L'Entrée du Christ à Jérusalem [Einzug in Jerusalem]
Huile sur toile
Stiftung Seebüll Ada und Emil Nolde, Neukirchen
CEuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst »), Leipzig, 1938


ANTISEMITISME
«Le cours de l'histoire mondiale m'a également fait assister à la démolition de nos synagogues, dans la liesse de la population de Cologne. Le sol sous mes pieds brûlait de manière insupportable, et pourtant, pendant des mois, je n'ai fait
qu'endurer.»
Ludwig Meidner, Hinweis auf mich selbst (A propos de moi-même »), 1944 (7)
Les expositions d'art dégénéré» se déploient parallèlement aux lois de persécution contre la communauté juive. Bannis parmi les bannis, les artistes juifs sont ainsi particulièrement visés. Une salle spécifique leur est consacrée dans l'exposition de Munich, rassemblant notamment des œuvres de Marc Chagall, Jankel Adler ou Ludwig Meidner. L'attaque se concentre aussi contre les galeristes-au premier rang desquels Alfred Flechtheim, marchand, éditeur et collectionneur -, accusés d'être à la tête d'un «système >> cherchant à corrompre l'âme allemande. En novembre 1937, à la suite de l'exposition «Art dégénéré », est inaugurée à Munich «Der Ewige Jude» («Le Juif éternel»), exposition de propagande antisémite qui circule en Allemagne jusqu'en 1939. La violence de la campagne contre «l'art dégénéré»> annonce l'extermination systématique menée par l'Allemagne nazie contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale, qui conduit à la disparition de millions d'hommes, de femmes et d'enfants.
Ludwig MEIDNER (1884-1966)
1919
Le Ravissement de saint Paul (Die Verzückung Pauli)
Aquarelle sur papier
Hammann, Karlsruhe
Oeuvre présentée à l'exposition Art dégénéré» («Entartete Kunst »), Munich, 1937
Ludwig Meidner est considéré comme l'un des représentants majeurs de l'expressionnisme, notamment en raison de sa série de «paysages apocalyptiques» qu'il peint entre 1912 et 1916. Pendant la révolution de Novembre qui secoue l'Allemagne au sortir de la Première Guerre mon- diale, le peintre est proche des groupes d'artistes révolutionnaires. Son œuvre reste durablement hantée par les images pathétiques de l'errance et de la dépossession. Le style expressionniste de sa peinture et sa confession juive lui valent l'hos- tilité des nazis à leur arrivée au pouvoir. Dix-sept de ses œuvres, dont ce dessin, sont présentés dans l'exposition «Art dégénéré » en 1937. Bien que Meidner ait eu plusieurs projets d'émigration depuis 1933, ce n'est qu'en 1939 qu'il quitte l'Al- lemagne avec sa famille pour l'Angleterre, après que les pogroms antisémites de la nuit de cris- tal ont rendu la situation des Juifs en Allemagne insoutenable.
JANKEL ADLER (1895-1949)
1924
Portrait d'Else Lasker-Schüler [Bildnis Else Lasker-Schüler]
Huile sur toile
Von der Heydt-Museum, Wuppertal
G 1423
Œuvre présentée à l'exposition Art dégénéré (Entartete Kunst»), Berlin, 1938
Jankel Adler, artiste polonais de confession juive représente ici l'artiste et poétesse Else Lasker Schüle, vêtue d'une robe traditionnelle, une bague surmontée d'un croissant de lune au doigt. Sa sil- houette hiératique et énigmatique est exemplaire des tableaux réalisés dans les années 1920 par l'artiste. Juif et antifasciste, Adler fuit Düsseldorf pour Paris en 1933. Il rejoindra le Royaume-Uni en 1940. Vivant un temps à Glasgow, il finit par s'installer à Londres d'où il apprend, la guerre terminée, l'assassinat de ses neuf frères et sœurs durant l'Holocauste. Jusqu'à la fin de sa vie, Adler décide de ne plus retourner en Allemagne ou d'y exposer ses œuvres.
HANNS LUDWIG KATZ (1892-1940)
Vers 1920
Kunsthalle Emden, Emden
15948
Portrait d'homme
[Männliches Bildnis]
Huile sur toile
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» (« Entartete Kunst »), Munich, 1937

MARC CHAGALL (1887-1985)
1923-1926
La Prise (Rabbin) [Die Prise]
Huile sur toile
Kunstmuseum, Bâle, acquis en 1939 avec un crédit spécial
du gouvernement balois
Inv. 1738
CEuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937
Cette peinture, qui reprend le titre d'une nou- velle de l'écrivain yiddish Isaac Leib Peretz, dans laquelle un rabbin vend son âme à Satan pour une pincée de tabac, est acquise par la Kunsthalle de Mannheim en 1928. En 1933, Mannheim devient le théâtre d'une intense campagne de purge et de diffamation de l'art moderne orchestrée par les nazis. En tant qu'incarnation de la culture juive, tant par son sujet que son auteur, la toile est traî- née dans les rues de la ville flanquée du message: «Vous qui payez des taxes, vous devriez savoir où votre argent est dépensé.» La même année, elle est montrée dans l'exposition « Images du bolche- visme culturel ». Elle sera aussi l'une des œuvres majeures de l'exposition «Art dégénéré » en 1937.

MARC CHAGALL (1887-1985)
Pourim
vers 1916-1917 Huile sur toile
Philadelphia Museum of Art: The Louis E. Stern Collection
1963-181-11
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937

OTTO FREUNDLICH (1878-1943)
1935
Hommage aux peuples de couleur
Centre Pompidou, Paris
Mine graphite et gouache sur papier marouflé sur toile
Don du Comité de Souscription en 1938, AM 1353 
Otto Freundlich est une figure importante de l'abstraction dont la carrière se déroule entre la France et l'Allemagne. A partir de 1924, l'artiste vit en France où, en 1930, il adhère au groupe Cercle et Carré, puis au mouvement Abstraction- Création. Membre de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires en 1933, il préside le Collectif des artistes allemands antifascistes en 1935. En 1938, la galerie Jeanne-Bucher-Jaeger lui consacre une exposition monographique autour de sa grande gouache pacifiste et antiraciste Hommage aux peuples de couleur, achetée par l'État français grâce à un appel à souscription signé notamment par Vassily Kandinsky, Georges Braque, Pablo Picasso et Fernand Léger.
ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938)
1914-1915
Nature morte avec masque
[Stilleben mit Maske]
Huile sur toile
Buchheim Museum der Phantasie, Bernried am Starnberger See 0.00006
MAX PECHSTEIN (1881-1955)
Nature morte:
statuette des mers du Sud et fleurs [Stilleben: Südseefigur
und Blumen]
1917
Huile sur toile
Kunsthalle Mannheim
6034

<RACE » ET «PURETÉ»>
La théorie de la dégénérescence est pleinement intégrée dans l'idéologie antisémite et raciste du nazisme et, plus largement, des fascismes européens. Accusées de corrompre la pureté de la race, les influences étrangères doivent être, dans la logique nazie, traquées et éliminées sans pitié pour que la communauté nationale, enfin purifiée, puisse produire un art à son image. La campagne contre l'art «dégénéré >> s'attaque ainsi frontalement à l'intérêt développé par les artistes de la modernité pour les arts africain et océanien. À cet egard, des peintres allemands comme Ernst Ludwig Kirchner, Emil Nolde ou Karl Schmidt-Rottluff, qui ont cherché dans l'art extra- européen la source d'un renouveau de la figuration, sont particulièrement visés. Les artistes, galeristes et collectionneurs juifs sont aussi condamnés au titre d'agents d'une corruption généralisée et deviennent la cible des attaques les plus violentes. L'élimination symbolique des artistes «dégénérés» prépare l'extermination physique de tous les individus jugés inaptes, déviants et étrangers à la race.

ERICH HECKEL (1883-1970)
Contreforts de montagne [Vorberge]
1923
Huile sur toile
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster
963 LM
ERICH HECKEL (1883-1970)
1921
Trois femmes [Drei Frauen]
Brücke-Museum, Berlin Inv. 28/77
Huile sur toile
Réalisée en 1921, la toile Trois Femmes entre dans les collections de la Kunsthalle de Mannheim l'an- née suivante. Malgré son thème classique, inspiré du motif antique des Trois Grâces, elle figure dans l'exposition « Images du bolchevisme culturel >> organisée par les autorités nazies en 1933 et sera confisquée en août 1937, comme sept cents autres oeuvres de l'artiste. En 1941, le tableau passe dans les mains du marchand d'art Ferdinand Möller mandaté par les nazis pour le vendre à l'étranger. Celui-ci garde finalement l'oeuvre en sa posses- sion. En 1977, sa fille, Rosemarie Baumgart-Möller en fait don au Brücke-Museum de Berlin.

ERNST BARLACH (1870-1938)
1922
Le Vengeur [Der Rächer]
Bois
Ernst Barlach Haus, Stiftung Hermann F. Reemtsma, Hambourg P 1975/001
Nommé conservateur de la Nationalgalerie à Berlin en 1909, Ludwig Justi y mène une politique favorable à l'art contemporain. Dans une scé- nographie épurée, Justi ouvre largement la col- lection aux groupes expressionnistes allemands Der Blaue Reiter et Die Brücke et consacre des salles dans l'accrochage à des artistes comme Ernst Barlach, Franz Marc, Max Beckmann, Lovis Corinth ou encore Ernst Ludwig Kirchner. Dès 1933, Justi est limogé par le régime nazi. La cam- pagne de confiscation de 1937 retire des cen- taines d'oeuvres des collections, parmi lesquelles cinq sculptures de Barlach, dont Le Vengeur.

PABLO PICASSO (1881-1973)
1924
Livre, compotier et mandoline Huile sur toile
Bayerische Staatsgemäldesammlungen, München Pinakothek der Moderne, Munich 14244
Cette nature morte est la seule peinture de Pablo Picasso exposée dans un musée allemand avant 1933 qui n'a pas été saisie par le régime nazi. Présentée dans les salles de la Nationalgalerie à Berlin à partir de 1930, elle reste la propriété de la Société des amis de la Nationalgalerie qui en avait fait l'acquisition. Celle-ci parvient à récu- pérer le tableau de Picasso, avec dix-huit autres œuvres, en août 1937 après la première vague de confiscations. Entreposée dans les coffres de la Banque Thyssen jusqu'en 1939, la peinture est ensuite cédée au marchand Karl Buchholz, qui la vend au couple d'artistes et collectionneurs Woty et Theodor Werner, à Potsdam. Elle rejoint les collections de peintures du Land de Bavière à Munich en 1971 suite au legs Werner.

MAX BECKMANN (1884-1950)
1928
Cabine de bain [Badekabine]
Huile sur toile
Bayerische Staatsgemäldesammlungen, München Pinakothek der Moderne, Munich
9651
Parmi les artistes allemands les plus reconnus dans l'entre-deux-guerres, Max Beckmann perd néanmoins son poste de professeur à Francfort à l'arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en 1933. Cette toile - une vue d'une cabine de plage entre dans les collections du musée de Munich en 1930. Confisquée en 1937, elle est confiée à Karl Buchholz, l'un des principaux mar- chands d'art allemands en charge de la revente des œuvres «dégénérées», et est transférée à la galerie new-yorkaise de Karl Buchholz et de son associé Curt Valentin. La guerre terminée, le mar- chand en fait don au musée munichois et l'œuvre réintègre sa collection en 1949.
ALEXEJ VON JAWLENSKY (1864-1941)
La purge
Variation: Hiver rigoureux [Variation: Strenger Winter]
Huile sur carton
1916
Kunstmuseum, Bâle inv. 1835, achat 1941

LA PURGE DES MUSÉES ALLEMANDS
Au nom de la lutte contre l'art «dégénéré », plus de vingt mille oeuvres sont retirées d'une centaine de musées allemands en l'espace de quelques mois. Une première vague de confiscation à partir de juin 1937 conduite par une commission spéciale dirigée par le peintre nazi Adolphe Ziegler et sous le contrôle de Joseph Goebbels, ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande, sert à alimenter l'exposition «Entartete,,Kunst">>. Elle est suivie par une deuxième en août destinée à «nettoyer » définitivement les musées. La purge est d'autant plus radicale que les collections publiques allemandes avaient développé, avant l'arrivée des nazis, une politique d'acquisition particulièrement favorable à l'art moderne, faisant figure de modèle à l'échelle internationale. Mais dès 1933, les directeurs de musée progressistes - Gustav Friedrich Hartlaub à Mannheim ou Ludwig Justi à Berlin - sont démis de leur fonction, les artistes George Grosz, Vassily Kandinsky ou Paul Klee quittent l'Allemagne, tandis que Willy Baumeister, Max Beckmann ou Otto Dix sont limogés de leur poste d'enseignant. La même année, une première exposition intitulée «Entartete Kunst» est organisée à Dresde, tandis qu'à Mannheim ouvre «Kulturbolschewistische Bilder » («Images du bolchévisme culturel »), préfigurant l'exposition diffamatoire de Munich en 1937.

VASSILY KANDINSKY (1866-1944)
1910
Paysage avec cheminée d'usine [Landschaft mit Fabrikschornstein]
Huile sur toile
New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection, By gift
41.504
Ce paysage de Kandinsky entre dans les collec- tions du musée du château de Weimar en 1923. Confisqué par les nazis en 1937, comme plus de deux cent soixante autres œuvres de l'artiste, il passe ensuite dans les mains du marchand Hildebrand Gurlitt, mandaté par le régime pour vendre les «produits de l'art dégénéré » à l'étran- La maison d'art suisse Gutekunst et Klipstein le lui achète pour la somme de 200 francs suisse en 1939. Le collectionneur américain Solomon R. Guggenheim, qui vient alors d'ouvrir un musée de la Peinture abstraite à New York, en fait l'acqui- sition lors d'une vente aux enchères qui se tient à Berne en février de la même année.

LISSITZKY (1890-1941)
Proun 2 (Construction)
1920
Huile, papier
et métal sur toile
Philadelphia Museum of Art: A. E. Gallatin Collection 1952-61-72
Œuvre présentée à l'exposition «Ar, dégénéré» («Entartete Kunst»), Hambourg, 1938
Réalisée entre 1919 et 1923, la série d'oeuvres de l'artiste russe Lissitzky intitulée Proun, acronyme russe signifiant «Projet pour l'établissement du nouveau »>, exprime l'idée que la société pourrait être révolutionnée par la transformation de la perception. Proun 2 fait partie des quarante-six ceuvres de l'artiste que le musée de Halle achète en 1929. Le tableau rejoint ensuite en prêt le Musée provincial de Hanovre, qui l'expose dans le célèbre Cabinet des abstraits dont la scéno- graphie révolutionnaire est conçue par Lissitzky lui-même. Confisquée en 1937, l'oeuvre rejoint les États-Unis par l'intermédiaire du marchand Karl Buchholz et de son associé Curt Valentin, où elle est achetée par le collectionneur Albert Eugene Gallatin, qui en fera don avec l'ensemble de sa collection au musée de Philadelphie en 1952. Le Cabinet des abstraits de Hanovre est détruit au cours de la campagne contre «<l'art dégénéré ».

OSKAR KOKOSCHKA (1886-1980)
1909
Italienne (Portrait d'Elisabeth Reitler) [Italienerin (Bildnis Elisabeth Reitler)]
Huile sur toile
Von der Heydt-Museum, Wuppertal

KARL HOFER (1878-1955)
1919
Apôtres endormis [Schlafende Jünger]
Huile sur toile
Von der Heydt-Museum, Wuppertal
Inv. Nr. G 1444
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré » («<Entartete Kunst »), Munich, 1937

EMIL NOLDE (1867-1956)
1909
Rencontre sur la plage [Begegnung am Strand]
Huile sur toile
Stiftung Seebüll Ada und Emil Nolde, Neukirchen
Euvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst >>), Düsseldorf, 1938

PABLO PICASSO (1881-1973)
1903
La Famille Soler Huile sur toile
Musée des Beaux-Arts-La Boverie, Liège, AM 441/249
Quatre oeuvres de Pablo Picasso figurent à la vente de Lucerne: La Buveuse d'absinthe et La Famille Soler, de la période bleue, Acrobate et jeune arlequin, de la période rose et Tête de femme des années 1920. Seule la peinture La Buveuse d'ab- sinthe, confisquée à la Kunsthalle de Hambourg, ne trouve pas preneur. Elle est achetée par le marchand Bernhard A. Böhmer en 1940, qui l'échange deux ans plus tard contre un tableau d'Antoine Van Dyck. La Famille Soler, interpréta- tion picassienne autour du thème du déjeuner sur l'herbe, avait été commandée en 1903 par le tailleur barcelonais Benet Soler, qui cède l'oeuvre en 1912 au galeriste Daniel-Henry Kahnweiler. Elle entre en 1913-1914 dans les collections du musée de Cologne, où elle est confisquée en 1937, puis est achetée à Lucerne par la Ville de Liège, qui acquiert en tout neuf œuvres de Marc Chagall, Paul Gauguin ou Franz Marc.
OSKAR SCHLEMMER (1888-1943)
Femmes sur l'escalier IV [Frauentreppe IV]
1925
Crayon et aquarelle
Kunstmuseum Bern, Berne, Legs Cornelius Gurlitt 2014

GEORG SCHRIMPF (1889-1938)
1926
Jeune Femme nue devant un miroir [Mädchenakt vor dem Spiegel]
Huile sur toile
Museum Ludwig, Cologne/Haubrich Foundation 1946
Cinq oeuvres de Georg Schrimpf sont confisquées en juillet 1937, parmi lesquelles Jeune Femme nue devant le miroir de la Kunsthalle de Mannheim. Le cas de Schrimpf témoigne des dissensions autour de la définition de l'«art dégénéré» à l'intérieur même de l'appareil nazi. Rudolf Hess, digni- taire nazi et collectionneur des œuvres du peintre, est ainsi intervenu pour demander de le retirer des listes d'artistes dégénérés. On ne sait toujours pas aujourd'hui si une ou plusieurs de ses œuvres ont figuré dans l'exposition de 1937. Jeune Femme nue devant un miroir est récupérée en 1939 par Karl Buchholz, puis en 1941 par Hildebrand Gurlitt, après un échange entre les deux marchands. En 1943, ce dernier vend l'oeuvre au collectionneur Joseph Haubrich, qui confiera sa collection à la Libération à la ville de Cologne.

Joachim Ringelnat Uhr nacht 1930 ?

GEORG GROSZ (1893-1959)
Le Soir [Abends]
s.d.
Encre et Aquarelle
Kunstmuseum Bern, Berne, Legs Cornelius Gurlitt 2014
A 2021.731

OTTO DIX (1891-1969)
La Fin de journée des ouvriers de la métallurgie [Feierabend der Eisenarbeiter]
1923
Aquarelle
et crayon graphite
Kunstmuseum Bern, Berne, Legs Cornelius Gurlitt 2014
A 2021.544

OTTO DIX (1891-1969)
Masque à gaz [Gasmaske]
1916
Gouache
Kunstmuseum Bern, Berne, Legs Cornelius Gurlitt 2014
A 2021.226

PABLO PICASSO (1881-1973)
Verre et fruits sur une table
1909
Aquarelle
Kunstmuseum Bern, Berne, Legs Cornelius Gurlitt 2014 A 2021.244

LE COMMERCE DE L'ART <<DÉGÉNÉRÉ»
Dès 1937, Joseph Goebbels développe l'idée d'une «utilisation» lucrative des oeuvres confisquées. La «Commission pour l'exploitation des produits de l'art dégénéré», qu'il préside lui-même, a pour tâche de sélectionner les oeuvres «<exploitables à l'échelle internationale». Organisée en juin 1939 à Lucerne par la galerie Fischer, la vente «Tableaux et sculptures de maîtres modernes provenant de musées allemands » constitue l'opération de la plus grande ampleur dans ce domaine. Cent ving-cinq oeuvres de Vincent Van Gogh, Henri Matisse, Paul Gauguin, Max Beckmann ou Vassily Kandinsky sont ainsi mises aux enchères. Les quatre peintures de Pablo Picasso confisquées à des musées allemands figurent également à cette vente, dont La Famille Soler, qui est achetée par la Ville de Liège. Mais la vente des œuvres passe surtout par quatre marchands spécialisés dans l'art moderne et mandatés par la commission: Karl Buchholz, Ferdinand Möller, Bernhard Alois Böhmer et Hildebrand Gurlitt, qui, à lui seul, se voit confier trois mille huit cent soixante-dix- neuf œuvres «dégénérées». La reconstitution du parcours souvent complexe des œuvres pendant cette période reste, encore aujourd'hui,
un chantier ouvert pour la recherche et les musées.

JEAN-FRANÇOIS RAFFAELLI (1850-1924)
Avant 1892
Musée d'Orsay, Paris RF 745
Les vieux convalescents
Huile sur toile

ARCHÉOLOGIE DU CONCEPT
DE «DÉGÉNÉRESCENCE>>
Le concept de dégénérescence émerge à la fin du XVIIIe siècle dans les domaines de l'histoire naturelle, de la médecine et de l'anthropologie, avant de se diffuser rapidement au cours du XIXe siècle. Cette notion est étroitement liée à la théorie de l'évolution qui introduit l'idée d'une espèce humaine non plus immuable, mais instable biologiquement à travers le temps. À l'opposé des fantasmes d'homme nouveau ou de surhomme, le discours sur la dégénérescence produit un imaginaire angoissant où l'homme ne cesse d'être menacé par la régression vers la bestialité, la difformité physique ou le désordre psychique. La parution dans les années 1890 de l'ouvrage en deux volumes Dégénérescence du médecin Max Nordau joue un rôle crucial dans l'incorporation de cette notion à l'histoire de l'art. Pour Nordau, comme pour nombre de critiques et théoriciens à sa suite, les œuvres de l'art moderne deviennent les symptômes visibles et les vecteurs de pathologies qui risquent de contaminer la société.

PABLO PICASSO (1881-1973)
1921
12000
Nu assis, s'essuyant le pied
Pastel sur papier
Ce pastel, exemplaire du retour à une forme de classicisme de l'artiste dans les années 1920, reprend la posture du tireur d'épine», sujet de la statuaire antique. Pablo Picasso inclut pourtant certains éléments discordants par rapport à la tradition. On peut ainsi noter à l'arrière-plan la dif- férence de hauteur de la ligne d'horizon. En 1928, le dessin fait partie des ceuvres dégénérées» choisies par l'architecte Paul Schultze-Naumburg pour illustrer son ouvrage L'Art et la Race, où il est mis en regard d'une photographie médicale d'un homme atteint d' acromegalie des mains et de la partie basse du visage Appartenant à la collection du marchand Paul Rosenberg, le pastel est parmi les œuvres spoliées en 1940 en raison de l'origine juive de son propriétaire. Il lui sera finalement restitué après la guerre, en 1945.
WILHELM MORGNER (1891-1917)
s.d.
Homme bleu dans un paysage jaune [Blauer Mann in gelber Landschaft]
Détrempe sur carton
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster
1478 LM
OSKAR KOKOSCHKA (1886-1980)
1909
Vieil Homme (père Hirsch) [Alter Mann (Vater Hirsch)]
Lentos Kunstmuseum, Linz Inv. 4
Huile sur toile
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937
Figure centrale du courant expressionniste euro- péen, Oskar Kokoschka est pris pour cible par la critique réactionnaire comme archétype de l'ar- tiste «dégénéré » et accusé de maladie mentale. Dès 1933, le peintre perd son poste de profes- seur à l'école des Beaux-Arts de Dresde et doit s'installer à Prague puis fuir en Grande-Bretagne en 1938, lorsque les troupes nazies entrent en Tchécoslovaquie. En 1943, il devient président de la Ligue culturelle allemande libre qui fédère l'opposition au nazisme des milieux culturels exi- lés. Vieil Homme fait partie des seize oeuvres de Kokoschka présentées à l'exposition «Art dégé- néré» de Munich.

LOVIS CORINTH (1858-1925)
1923
Portrait du peintre Bernt Grönvold (Bildnis des Malers Bernt Grönvold
Huile sur toile
Kunsthalle Bremen-Der Kunstverein in Bremen, Brème
Im 683-1953/22
Cure présentée à l'exposition Art degemérés Entartete Kunst Munich 1937
Lovis Corinth est, au tournant du XXe siècle, l'une des figures majeures de la scène artistique alle- mande qui évolue de l'impressionnisme vers l'ex- pressionnisme. Victime d'un accident vasculaire cérébral en 1911, qui le laisse partiellement para- lysé, il continue néanmoins à peindre jusqu'à sa mort en 1925. Sept peintures de l'artiste sont présentées à l'exposition «Art dégénéré », dont ce portrait du peintre norvégien Bernt Grönvold (1859-1923), réalisé quelques jours avant la mort de ce dernier. Dans l'exposition de Munich en 1937, certaines des œuvres de Corinth sont accompa- gnées de la mention: «Peintes après la première attaque», réduisant ainsi l'œuvre à un symptôme de déchéance physique. Confisqué par les nazis puis vendue aux enchères à Lucerne en 1939, Le Portrait du peintre Bernt Grònvold est racheté par la Kunsthalle de Brême en 1953.

ELFRIEDE LOHSE-WÄCHTLER (1899-1940)
Vers 1933
Sans titre (Tête de femme) [Ohne Titel (Frauenkop)]
Crayon sur carton
Sammlung Prinzhorn, Heidelberg
Inv. Nr. 0008600/04.0014 (2020)
Prinzhorn Collection, University Hospital Heidelberg
L'oeuvre d'Elfriede Lohse-Wächtler, formée à l'Académie des beaux-arts de Dresde, offre une voie singulière au sein de la Nouvelle Objectivité mouvement artistique qui propose après-guerre un retour à la figuration. Internée en 1929 pour dépression nerveuse à l'hôpital psychiatrique de Hambourg, l'artiste dessine, durant les deux mois de sa convalescence plusieurs dizaines de por- traits de patients, souvent en gros plan comme pour mieux saisir la vérité de chaque visage. Au début des années 1930, elle représente la vie des ouvriers et des prostitués qui gravitent autour du port de Hambourg, et réalise plusieurs autopor- traits, qualifiés d'« impitoyables». A nouveau internée à la demande de son père en 1932, elle est, après son divorce en 1935, jugée légalement incapable, stérilisée de force et internée en hôpital psychiatrique. En 1940, Elfriede Lohse-Wächtler est assassinée dans le cadre de l'opération d'extermination des adultes handicapés physiques et mentaux menée par le régime nazi connue sous le nom d' Aktion T4
VINCENT VAN GOGH (1853-1890)
1888
Musée d'Orsay, Paris
L'Arlésienne
Huile sur toile
Donation sous réserve d'usufruit Mme R. de Goldschmidt-Rothschild, 1952 RF 1952 6
«L'art dégénéré » trouverait son origine, selon la critique réactionnaire, dans la génération des artistes modernes de la fin du XIXe siècle, accu- sés d'avoir détruit l'idéal de beauté. Vincent Van Gogh devient l'incarnation de l'artiste «fou» cari- caturé dans les discours antimodernes. Cinq de ses peintures, dont trois aujourd'hui perdues, sont ainsi retirées des musées allemands en 1937. Ce n'est pas le cas de L'Arlésienne, un portrait de Mme Ginoux, tenancière du Café de la Gare d'Arles, qui se trouvait dans la collection pri- vée berlinoise de Marie-Anne von Goldschmidt- Rothschild. Cette dernière doit fuir l'Allemagne en 1938, d'abord vers Paris puis vers les États-Unis, tandis que ses propriétés à Berlin sont vendues de force à l'architecte nazi Albert Speer. Elle parvient néanmoins à sauver une partie de sa collection et fait don du tableau de Van Gogh à l'État français, le 25 août 1944, jour de la libération de Paris.

FRANZ MARC (1880-1916)
1913
Sangliers [Eber und Sau (Wildschweine)]
Museum Ludwig, Cologne
Huile sur toile
Donation Autohaus Fleischhauer, Cologne, 1954
ML 76/2955
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst »), Munich, 1937
Né à Munich en 1880, Franz Marc fait partie, avec Vassily Kandinsky, des membres fonda- teurs du groupe d'artistes expressionnistes Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu). Engagé lors de la Première Guerre mondiale, l'artiste meurt sur le champ de bataille à Verdun en mars 1916. La pré- sence de cinq de ses toiles dans l'exposition «Art dégénéré » en 1937 entraîne l'indignation d'une partie du public qui voit en l'artiste un héros de la guerre. À la suite d'une lettre de protestation rédigée par une association d'officiers allemands, l'une de ses oeuvres est retirée de l'exposition. Les quatre autres toiles, dont Sangliers, restent quant à elles accrochées.
ERNST LUDWIG KIRCHNER (1880-1938)
1913
Rue à Berlin
(Rosa Straße mit Auto)
Huile sur toile
The Museum of Modern Art, New York
Achat, 1939
274.193
Euvre présentée à l'exposition « Art dégénéré» («<Entartete Kunst >>), Munich, 1937
EMIL NOLDE (1867-1956)
1911
Nature morte avec statuette en bois [Stilleben mit Holzfigur]
Museum Folkwang, Essen
G 527
Huile sur toile
Œuvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst»), Munich, 1937
Comme d'autres artistes modernes de sa généra- tion, Emil Nolde s'intéresse aux objets des cultures extra-européennes, notamment ceux qu'il observe dans les collections du musée d'Ethnologie de Berlin et qu'il met en scène dans sa peinture. Cette toile est réalisée d'après le dessin d'une statuette masculine, provenant probablement du Congo actuel. Karl Ernst Osthaus, collection- neur d'art moderne et d'art africain et océanien, achète ce tableau à l'artiste en 1912. En 1922, la collection Osthaus est transférée au musée Folkwang à Essen. Confisquée en 1937, en même temps que mille quatre cents autres œuvres du même musée, la peinture est présentée à l'expo- sition «Art dégénéré » en 1937.

VASSILY KANDINSKY (1866-1944)
1926
Forme de croix [Kreuzform]
Huile sur toile
LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster 1126 LM
Euvre présentée à l'exposition «Art dégénéré» («Entartete Kunst »), Munich, 1937
Ce tableau est peint par Vassily Kandinsky en 1926 à l'époque où celui-ci enseigne à l'école du Bauhaus. Il témoigne de l'évolution de l'artiste vers une abstraction géométrique qu'il théorise dans son ouvrage Point, ligne, plan paru la même année. Le Bauhaus, lieu majeur de l'art moderne en Allemagne et en Europe dans les années 1920, est fermé par le régime nazi qui le considère comme «l'expression la plus parfaite d'un art dégénéré ». Né à Moscou mais devenu citoyen allemand en 1928, Kandinsky quitte l'Allemagne en 1933 pour s'installer à Neuilly-sur-Seine. En 1937, Forme de croix fait partie des quatorze toiles de l'artiste présentées dans «Art dégénéré ».



















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