Maximilien Luce au musée de Montmartre en avril 2025
Maximilien LUCE
L'instinct du paysage
Figure majeure du néo-impressionnisme, pilier des milieux anarchistes et libertaires, Maximilien Luce (1858-1941) a marqué son époque par son art et son engagement social. Disciple du divisionnisme initié par Georges Seurat et Paul Signac, Luce a su développer un langage pictural personnel, marqué par ses recherches sur la lumière et la couleur.
Première rétrospective parisienne depuis 1983, l'exposition se tient à quelques pas des lieux où Luce a vécu de 1887 à 1899, rue Cortot. Ancrée dans l'histoire montmartroise, sa peinture capture l'âme vibrante de la Butte. Entre les deux pôles essentiels de sa vie, Paris et Rolleboise, l'exposition explore l'oeuvre de Luce à travers le prisme du paysage et nous invite à suivre l'artiste dans ses pérégrinations en Normandie, à Saint-Tropez, en Belgique et aux Pays-Bas, ou encore à Londres. Outre l'esprit humaniste qui fait battre le cœur de l'homme et singularise son œuvre, la représentation de la nature est l'autre dominante qui anime les toiles de Luce. Les scènes idéalisées de baignades cohabitent avec les chantiers parisiens et les profils menaçants des usines du Pays-Noir. Son œuvre témoigne des transformations sociales et industrielles de son temps. Luce donne ainsi à voir et à ressentir une époque en mutation, un monde en mouvement.
Le musée de Montmartre est heureux de rendre hommage à Maximilien Luce et à son œuvre, tout entier imprégné de lumière, révélant une étonnante beauté du monde. Son nom, 'Luce, l'aurait-il prédestiné à cette consécration à la lumière
La Toilette
1887
Huile sur toile
Genève, Association des amis du Petit Palais, inv. 11471
Autoportrait
Vers 1910
Huile sur toile
Saint-Germain-en-Laye, musée départemental Maurice Denis, inv. PMD984.16.1 En dépôt au musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce,
Mantes-la-Jolie
Des lunettes rondes, un chapeau de feutre, une cigarette à la main: voici les signes distinctifs de Luce, visibles aussi dans ses portraits photographiques. Son regard est planté droit dans le nôtre. Résonnent en nous les mots de Félix Fénéon le qualifiant d'« un barbare mais robuste et hardi peintre »>, ou ceux du peintre Jean Texcier qui savait que sous cette «rudesse apparente >> se dissimulait «un coeur d'une délicatesse et d'une sensibilité merveilleuses». Peu d'autoportraits de Luce existent et tous reflètent son humilité et sa simplicité. Agé d'une cinquantaine d'années, il se montre sans apparat, sans aucun accessoire de peintre.
Portrait de Paul Signac
1889
Huile sur bois
Collection particulière
Étude pour le portrait d'Henri- Edmond Cross
Vers 1898
Huile sur carton
Collection particulière
Portrait de Camille Pissarro
Vers 1890
Lithographie sur papier Chine appliqué sur vélin
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2017.3.1
Portrait de Jules Antoine
1889
Pastel sur carton
Collection particulière
Courtesy Galerie Jean-François Cazeau, Paris
Portrait de Félix Fénéon
Non daté
Fusain et crayon noir sur papier
Paris, Galerie Berès
Portrait de Georges Tardif
Entre 1889 et 1894 Huile sur carton
Collection particulière
Portrait de Georges Seurat
1890
Fusain sur papier Collection particulière
Ce mur de portraits restitue une partie de la constellation amicale de l'artiste: << personne n'avait autant de vrais amis ou n'a fait autant de bien que notre vieux Luce »>, dira Fanny Fénéon à sa mort. Ses relations avec le groupe néo- impressionniste sont ainsi illustrées: Pissarro son mentor, Signac son soutien, Fénéon son défenseur et Seurat, dont il sera chargé de faire l'inventaire après décès. Au sein du groupe, Luce se distingue par son intérêt pour les sujets liés au travail et à l'industrie, ainsi que par son goût pour la figure humaine. Les portraits de deux architectes, Georges Tardif, également peintre, et Jules Antoine (frère d'André Antoine, créateur du Théâtre Libre), révèlent sa sociabilité
montmartroise. Son vaste réseau d'amitiés nourrit son art, soutient sa carrière et lui permet de voyager, grâce à de nombreuses invitations en France et à l'étranger.
MONTMARTRE, RUE CORTOT
Lorsque Luce pose ses bagages en 1887, rue Cortot, à quelques numéros de l'actuel musée de Montmartre, il a 29 ans. Il a alors terminé son service militaire et quitté l'atelier de Carolus-Duran. Les œuvres rassemblées ici montrent le tournant que constitue la période montmartroise dans son art et sa vie. Montmartre rime avec l'émancipation de sa famille et de ses maîtres. Luce illustre son nouveau quotidien: sa compagne Ambroisine et ses fils nés en 1894 et 1896.
Au sommet de la Butte, Luce prend de l'assurance. Sous l'influence de ses aînés impressionnistes et avec la découverte de la technique divisionniste, il abandonne les teintes ocres et sombres de ses débuts. Il peint encore presque timidement la vue depuis les fenêtres de ses habitations au 6 puis au 16 rue Cortot. La rue des Abbesses est une œuvre charnière dans laquelle Luce se confronte à un paysage très animé, aux multiples figures. Depuis Montmartre, Luce n'aura de cesse de s'aventur toujours davantage dans les artères et sur les quais parisiens
Vue du 48 rue Lepic, chez Georges Tardif
1894-1895
Crayon et fusain sur papier
Collection Calvé-Cantinotti
Vue du 48 rue Lepic, chez Georges Tardif
1894-1895
Crayon et fusain sur papier
Collection Calvé-Cantinotti
Rue Ravignan, nuit
Vers 1893-1895
Gravure sur bois sur papier vélin Collection particulière
La Rue Damrémont, vue depuis l'appartement de Georges Tardif
Vers 1891
Fusain sur papier
Collection particulière
Vue de ma fenêtre, rue Cortot
Vers 1896
Lithographie sur vélin
Collection particulière
Le Seuil, rue Cortot
Vers 1890
Huile sur bois
Collection particulière
Le Jardin sous la neige, rue Cortot
1891
Huile sur toile
Collection particulière
Paris, vue de Montmartre
1887
Huile sur toile
Genève, Association des amis du Petit Palais, inv. 16
Jeune Garçon devant la maison
de Suzanne Valadon
1886-1887
Huile sur toile
Collection particulière
Le Maquis, Montmartre
1904
Huile sur toile
Collection particulière
Les treize années de résidence de Luce rue Cortot lui permettent d'observer et de transcrire en peinture les variations atmosphériques et saisonnières du paysage, ainsi que l'urbanisation de Montmartre. Malgré son déménagement en 1900 dans le xvi arrondissement, il ne se désintéresse pas de la Butte, où il a encore beaucoup d'amis. Cette vue du Maquis a été peinte quatre ans plus tard. Il reste attentif aux transformations du quartier. Il peint notamment le chantier du Sacré-Coeur, qui sera achevé en 1912, et le Maquis qui se construit de plus en plus. La densité de la végétation, les baraques et les échafaudages près de la basilique constituent des motifs picturaux intéressants pour Luce.
Eugénie - Femme à la fenêtre
1888-1902
Lithographie sur papier Chine appliqué sur vélin Collection particulière
Intérieur de la maison familiale
à Montrouge
Vers 1880
Dessin à la plume et rehauts de gouache blanche sur papier brun Collection particulière
Intérieur, rue Cortot
Vers 1892-1896
Gravure à la pointe sèche et aquatinte sur papier vergé
Collection particulière
La Cuisine
1888
Pointe sèche sur papier Collection particulière
La Maternité
1896
Huile sur toile
Collection particulière
En 1893, Luce rencontre sa compagne Ambroisine Bouin. À de nombreuses reprises, il la peint dans leur logement du 16 rue Cortot, au balcon ou dans la cuisine. En 1894, la naissance de leur premier fils est l'occasion de nouveaux sujets pour le peintre qui représente le repas ou le bain du bébé. Malheureusement, l'enfant meurt à quinze mois des suites d'une insolation. En 1896, le couple accueille un nouveau garçon également prénommé Frédéric. Cette tendre maternité pourrait bien représenter Ambroisine allaitant leur enfant. Les arts graphiques présentés ci-contre illustrent aussi son environnement personnel et montrent son talent de dessinateur et de graveur.
Rue des Abbesses, l'épicerie
1896
Huile sur toile
Genève, Association des amis du Petit Palais, inv. 9405
En 1895, Luce s'installe au balcon de l'architecte Alfr Besnard, pour lequel il avait décoré tous les apparteme d'un immeuble rue de Grenelle, en 1892. De là, il peint une vue plongeante sur la rue des Abbesses. Il réalise au moins cinq huiles et beaucoup de croquis, dont certains seront envoyés à Signac et Cross pour leur partager ses avancées. Il leur confie sa difficulté à rendre «ce mouvement de foule ». Dans une palette lumineuse et avec une touche dynamique, il livre un véritable instantané de la vie à Montmartre.
Les ménagères avec leurs paniers croisent les élégantes aux chapeaux fleuris, les livreurs et les marchands de rue. Luce peindra désormais de grandes compositions urbaines dans tout Paris
Une rue de Paris en mai 1871
Vers 1910 Lithographie
Collection Dixmier
Parue en 1910 dans Les Temps Nouveaux, cette lithographie reprend la composition de la célèbre peinture Une rue de Paris en mai 1871, réalisée cinq ans plus tôt, illustrant les massacres de la Commune. Luce produit un ensemble important de toiles commémorant la Commune et héroïsant les fédérés. L'album Mazas se place dans la même lignée politique. Jules Vallès (1832-1885), qui rédigea le texte
accompagnant les illustrations de Luce, était une icône pour la nouvelle génération anarchiste par le combat qu'il menait contre l'emprisonnement politique.
MAZAS,
LUCE DANGEREUX ANARCHISTE >>
<<
L'élan artistique de Luce est brièvement interrompu par son incarcération en 1894. Après une vague d'attentats anarchistes qui culmine avec l'assassinat du président Sadi Carnot le 24 juin, la police opère un grand coup de filet sur les intellectuels, militants et artistes ayant des accointances avec le milieu anarchiste. Luce, qui fournit depuis 1887 des illustrations pour le magazine La Révolte (qui deviendra Les Temps Nouveaux) ainsi que pour Le Père Peinard, est arrêté le 6 juillet. Il est enfermé dans la prison Mazas, près de la gare de Lyon. Que peindre, isolé pendant 42 jours entre quatre murs? Quel paysage rêver derrière les barreaux? Luce se met rapidement à dessiner les quelques espaces qu'il peut occuper, les corridors, sa cellule et le promenoir, ainsi que la silhouette de son compère Félix Fénéon. Acquitté, il publie à sa libération l'album Mazas illustrant le texte de Jules Vallès. Les œuvres présentées ici sont de rares témoignages autobiographiques de Luce qui peuvent contredire ces mots de Vallès: «Jamais il ne s'est échappé d'une cellule une œuvre féconde. La vie n'y entre pas>>.
Serrure d'une cellule de la prison de Mazas ayant appartenu à la famille de l'artiste
1898
Fer forgé
Collection particulière
Étude pour Le Bon Samaritain
1895-1896
Crayon noir sur papier
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2018.1.2
Mazas
Texte de Jules Vallès publié avec l'autorisation de Séverine. Lithographies par Maximilien Luce
Étude de pieds et de mains
1894
Fusain rehaussé à la plume sur papier
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.112
L'album Mazas paraît trois mois après la libération de Luce, en novembre 1894. Ses dix lithographies nous révèlent une introspection rare de la part de l'artiste. Son corps et ses gestes sont scrutés en détail dans une étude de mains et de pieds qu'il réalise sur place. Il transcrit cette étude dans une planche de l'album. Sa présence entière habite l'espace de la cellule même si, dans quelques scènes, elle est uniquement suggérée par ses godillots et son chapeau. L'esprit libertaire de Luce s'exprime dans cet album au caractère
autobiographique.
Mazas-Liberté
Vers 1894
Lithographie
Dessin à l'encre et rehauts de gouache blanche pour Le Père peinard, 4 octobre 1891
Collection Dixmier
Mazas
Vers 1894
Lithographie
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.190
Mazas
Vers 1894
Lithographie
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.190
Mazas
Vers 1894
Lithographie
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.190
.
«Le Père peinard réflecs d'un gniaff>>
Couverture du n° 30 du journal Le Père Peinard
15 septembre 1889 Zincographie
Collection Dixmier
Luce est l'un des dessinateurs les plus prolixes de la presse anarchiste. Il fournit des dessins gracieusement et dessine notamment l'entête du journal Le Père Peinard en 1889. Avant son emprisonnement, la justice et la prison faisaient déjà partie des institutions qu'il critiquait. Après l'album Mazas, il a encore l'occasion de manifester ses convictions anticarcérales dès 1894 dans plusieurs affiches et illustrations dénonçant les camps disciplinaires militaires des bataillons d'Afrique surnommés Biribi. Il représente aussi les bagnes
d'enfants en 1898 dans La Feuille de Zo d'Axa, ou encore un geôlier devant une prison sur la couverture du fascicule «La Mano Negra » produit en 1903 par la revue Les Temps Nouveaux
PAUL SIGNAC
Portrait de Maximilien Luce
lisant << La Révolte >>>
Juillet 1890
Couverture du numéro 376 de la revue Les Hommes d'aujourd'hui Photogravure sur papier
Paris, musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre
PARIS,
LUCE, PARISIEN LE COEUR FIDÈLE»
Luce est parisien depuis trois générations. Il déménage de nombreuses fois dans la capitale mais son atelier au 102, rue Boileau reste une adresse permanente de 1900 à sa mort en 1941. Paris est le sujet principal de son oeuvre. Dans la lignée des impressionnistes qu'il admire, Luce se frotte aux mêmes paysages mais est un peintre de la rue. Les intérieurs de cafés et les cabarets ne l'intéressent pas, il représente plutôt des ambiances extérieures, les quais de la Seine et ses ponts.
Il ne néglige pas non plus les monuments célèbres qu'il revisite avec sa palette aux tons violacés. Luce se démarque aussi par ses nocturnes. Grâce à son talent de coloriste et à la technique divisionniste, il restitue à merveille le scintillement de la Ville Lumière au crépuscule.
Luce ne se limite pas à Paris intra-muros mais parcourt allègrement sa banlieue. Il pose son chevalet à côté de celui de Signac à Herblay en 1889. Son motif favori-la Seine - est alors admiré dans son lit naturel, bordé d'une végétation arc-en-ciel. La toile de 1890 du musée d'Orsay, présentée à côté de son étude inédite, est un chef-d'oeuvre divisionniste.
Paysage, soleil couchant
1888
Huile sur toile
Collection particulière
A droite
La Seine en hiver
1910
Huile sur toile marouflée sur carton
Collection particulière
gauche
La Neige au quai de Boulogne
1905
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, inv. RF 1977 230
Ces toiles comportent plusieurs caractéristiques de l'art de Luce: un quai de Seine, motif favori de son œuvre; la restitution atmosphérique, héritage impressionniste; les symboles de l'activité industrielle; et enfin les coloris violets. La Seine en hiver montre un paysage défiguré par la crue de 1910. La Neige au quai de Boulogne montre également la manière plus personnelle avec laquelle Luce peint au début du XXe siècle. Est-ce pour toutes ces raisons que Tigrawe Gamsaragan en fit l'acquisition? Homme d'affaires arménien, il fut le principal mécène de Luce à une époque où son œuvre commençait tout juste à plaire au marché. Il aurait possédé 70 oeuvres de Luce et fit don de ce tableau à l'État en 1929.
Au centre
La Seine à Herblay
1890
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, inv. RF 1977 232
Étude pour La Seine à Herblay
1889
Huile sur toile marouflée sur carton
Paris, galerie Ary Jan
La Seine à Charenton
1891
Huile sur panneau
Paris, collection Anisabelle Berès-Montanari
L'Église Saint-Gervais, vue de la Seine
Vers 1897-1901
Huile sur toile
Collection particulière
Notre-Dame
1899
Huile sur toile
Collection particulière
À la différence de ses amis néo-impressionnistes qui peignent des paysages souvent inanimés ou, chez Seurat, habités par des personnages hiératiques, Luce peuple ses compositions de centaines de figures. Ainsi, vers 1900, il peint la cathédrale Notre-Dame de Paris dans la lignée de la série consacrée par Monet à celle de Rouen. Luce élargit la perspective pour montrer le monument vibrant de lumière et de couleurs, au pied duquel le peuple parisien s'affaire. L'harmonie règne entre les personnages et l'architecture. Cette huile fait partie d'un ensemble de toiles et d'études peintes au tournant du siècle, sans doute aux fenêtres de l'atelier d'Henri Matisse au 19 quai Saint-Michel. Son format ovale en fait l'originalité.
Paris, vue de la Seine, la nuit (vue de l'atelier de Pissarro)
1893
Huile sur toile
Ville de Versailles, musée Lambinet, inv. 91.9.31
Bords de Seine. Le Pont Neuf
Non daté
Huile sur carton
Collection particulière
Le Pont Saint-Michel
et le Quai des Orfèvres
Vers 1905
Huile sur papier marouflé sur panneau d'Isorel Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, inv. P2140
Construction - Quai de Passy
1907
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.16
Le Chantier
1911
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, inv. LUX 1742
Dans la série de sites en construction peinte dans la première décennie du XXe siècle, le point - devenu virgule-a désormais disparu au profit d'une touche aplanie. Luce a trouvé sa manière personnelle et crée des œuvres puissantes dans lesquelles ce monde laborieux n'est jamais plaint et rarement glorifié. La géométrie offerte par les lignes verticales et horizontales des échafaudages et des grues, rythmée par les attelages à leur base et les funambules dans leurs hauteurs, prouve la vocation artistique de Luce et son désir d'expression chromatique et formelle.
Les Batteurs de pieux
1903
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, inv. RF 1977 234
Le sujet des batteurs de pieux a été croqué par Luce quelques années plus tôt à Charleroi et est ici replacé dans un paysage urbain, entièrement façonné par le labeur, avec ses usines fumantes, ses monuments échafaudés au fond de la scène et ce premier plan à bâtir. Luce représente les ouvriers comme un seul et même corps uni dans un effort commun. Leurs musculatures sculpturales relèvent encore de l'exercice académique. La composition est construite solidement avec la répétition de formes triangulaires et un soin particulier pour la perspective et les ombres projetées. Cette peinture, moins spontanée que ses paysages, reflète la précision de la technique divisionniste et l'impact du grand format. Elle a nécessité plusieurs dessins préparatoires et des modèles comme son ami Eugène Givort, également représenté dans le portrait ci-contre.
Portrait d'un travailleur
Vers 1906-1907
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.07
PARIS,
LE FAUBOURIEN ET
LE PEUPLE D'OUVRIERS>>
Tout au long de la Troisième République, Luce explore Paris dans sa géographie physique et sociale. À l'aube du XXe siècle, il suit les travaux haussmanniens qui changent le visage de certains quartiers, tandis que la ville grandit en souterrain avec la construction du métro. Luce devient le peintre de la ville en chantier.
Le magistral Les Batteurs de pieux, par ses dimensions monumentales, rallie le genre de la peinture d'histoire. Bien que l'on reconnaisse le parallèle avec les figures du démolisseur et du bâtisseur propres à l'idéologie anarchiste, ses toiles de chantier se distinguent avant tout par leur dimension esthétique.
À partir de 1905, Luce réalise des œuvres au style plus libre, peuplées de fardiers, débardeurs, terrassiers et autres «<prolos». Les échafaudages seront peints en série et présentés pour la première fois en 1911 au Salon des Indépendants.
Percement de l'avenue Junot à Montmartre
1910
Huile sur toile
Ville de Saint-Denis, musée d'art et d'histoire Paul Éluard, inv. NA 3641
Entre 1909 et 1912, les terrains vagues de Montmartre et le Maquis cèdent le pas à une imposante allée qui transforme la physionomie de la Butte: l'avenue Junot. Avec des teintes lumineuses, Luce met en avant le travail de l'homme. Les usines de la Plaine de France se dressent derrière une immense excavation éclairée par le soleil, au premier plan. Deux décennies plus tard, la modernisation de la ville continue à attirer l'attention de Luce: sous un ciel orageux, il peint la construction du pont des Saints-Pères (actuel pont du Carrousel) qui, entre 1935 et 1936, remplaça la structure bâtie cent ans plus tôt par l'architecte Polonceau
La Construction du Sacré-Cœur
1900
Huile sur toile
Genève, Association des amis du Petit Palais, inv. 4090
La Rue Réaumur
Vers 1896
Lithographie en couleurs sur papier Chine appliqué sur vélin Don Indivision Petiet, 2023
Paris, musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre
Le premier tableau de chantier, peint en 1896, est suggéré à Luce par le poète belge Émile Verhaeren qui lui indique les démolitions en cours pour le percement de la rue Réaumur. Par l'entremise de Signac, Luce est accueilli dans un appartement qui surplombe les travaux. Il s'agit là des dernières étapes du projet haussmannien: la toile offre une vision très singulière de la ville, avant la construction des immeubles parfaitement alignés qui surgissent au long des boulevards et des rues parisiennes. Dans cette lithographie tirée l'année suivante, on comprend pourquoi le pêle-mêle de bâtis anciens, de baraques en bois et de palissades recouvertes d'affiches ont plu à Luce, qui en tire une riche composition plastique.
Travaux sur la Seine, au pont des Saints-Pères
1936
Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, inv. P2300
Le Mée (Eure-et-Loire)
Lithographie en couleurs
Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre Don Indivision Petiet, 2023
Environs de Gisors (Mesdames Pellet et Luce)
1897
Lithographie en couleurs sur papier Chine
Don Indivision Petiet, 2023
Paris, musée de Montmartre, collection le Vieux Montmartre
PROVINCE,
UN «VOYAGEUR VÉRIDIQUE »
C'est à l'occasion d'un voyage dans le Loiret en 1916 que Charles Angrand décrit le caractère itinérant de Luce, «voyageur véridique »>.
Depuis sa jeunesse, durant laquelle il explorait la région parisienne pour peindre, son horizon s'est étendu à l'Ouest. Son cercle amical est le moteur de ses déplacements. Les invitations de ses pairs artistes lui permettent de voyager malgré son manque de moyens. En 1888, il découvre la Normandie: il se rend à Eragny chez Pissarro, ou encore à Saint-Laurent chez Angrand.
Les champs, les vergers et les fermes offrent de beaux panoramas: les arbres remplacent les monuments parisiens. Les paysages champêtres retiennent aussi son attention entre 1905 et 1913 dans la région de la Cure, en Bourgogne. Luce pousse ses pérégrinations jusqu'au littoral: Dieppe, Le Tréport et Honfleur. Les falaises, les vastes plages et les ports de pêche prennent vie sur la toile. Il découvre la Bretagne en 1893: il y reviendra à maintes reprises et s'intéressera à la diversité de ses côtes, avec les rochers de Kermouster ou les paysages de Camaret.
La Cathédrale de Gisors
(rue du Fossé aux Tanneurs)
1898
Huile sur toile
Collection particulière
A gauche
La Baignade
Vers 1902-1905
Huile sur bois
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2019.6.1
Paysage de Normandie, Bazincourt
1897
Huile sur bois
Ville de Versailles, musée Lambinet, inv. 91.9.32
Le pays est très épatant,
malheureusement il y fait trop beau, j'aurais bien voulu voir la Bretagne avec du mauvais temps,
il me semble que cela doit avoir beaucoup plus de caractère.
Lettre de Maximilien Luce à Paul Signac, vers 1894
Camaret
Lithographie en couleurs
Musée de Montmartre, collection Le Vieux Montmartre
Don Indivision Petiet, 2023
Paramé par gros temps
1934
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.65
La Bretagne est une région de prédilection pour Luce qui la visite plus d'une quinzaine de fois entre 1893 et 1939. Il y réalise des séjours avec les peintres Charles Maurin et Charles Thorndike. Il visite aussi bien les Côtes-d'Armor que le Finistère. Il se rend à Paramé à trois reprises. Cette toile date de son premier séjour en 1934 et comporte un cadrage étonnant sur la digue qui protège la ville des flots. De minuscules silhouettes émergent à peine dans la partie supérieure du tableau. Elles semblent bien impuissantes face au déchaînement des vagues. Ce temps orageux exauce le vœu formulé par Luce en 1893 auprès de Signac: "Le pays est très épatant, malheureusement il y fait trop beau, j'aurais bien voulu voir la Bretagne avec du mauvais temps, il me semble que cela doit avoir beaucoup plus de caractère".
Les Rochers rouges ou La Mer à Camaret
Vers 1897
Lithographie en couleur sur papier Chine
Indivision Petiet
En dépôt au musée de Montmartre, Paris
SAINT-TROPEZ,
COULEURS DU MIDI
Luce a l'opportunité d'explorer la côte méditerranéenne grâce à son ami Paul Signac. Celui-ci l'invite une première fois à Saint-Tropez en 1892. Comme en témoigne la toile Saint-Tropez, la route du cimetière, Luce applique les principes divisionnistes aux couleurs du Sud. Les pins, les ciels azur, l'eau scintillante et les terres chaudes offrent une inspiration renouvelée. Luce, qui affectionne tant les nocturnes et les teintes violacées, compose avec la vive luminosité du Sud. En 1893, il présente au Salon des Indépendants deux toiles de Saint- Tropez, qui seront les premières d'une longue série. Luce visite en effet la région à huit reprises jusqu'en 1918. La présence de ses amis Lucie Cousturier et Henri-Edmond Cross à Saint-Clair motive ses déplacements. Au début du XXe siècle, les paysages méditerranéens imprègnent sa production d'arts décoratifs. Pour la première fois, un ensemble exceptionnel d'objets d'art est ici présenté au public.
Saint-Tropez, vu depuis la citadelle
Non daté
Huile sur carton
Paris, Hélène Bailly
Pins parasols, Saint-Tropez
1907
Huile sur panneau d'isorel
Paris, Hélène Bailly
Baigneuses à Saint-Tropez
1897
Huile sur toile
Genève, Association des amis du Petit Palais, inv. 8780
Paysage à Saint-Tropez
1893
Huile sur carton
Collection particulière
Si les baigneurs peints en Bourgogne ou sur les bords de Seine sont principalement masculins et décrivent des scènes de toilette ou de jeux, les baigneuses apparaissent sur les plages du Sud. Bien que les motifs des jupes et le chapeau de paille au premier plan ancrent ces femmes dans l'époque contemporaine, leur gestes gracieux et leur semi-nudité nous projettent dans une certaine Arcadie. Dans les deux groupes de baigneuses, la composition très structurée par des lignes triangulaires renforce cet effet irréel et idéal
Saint-Tropez, la route du cimetière
1892
Huile sur toile
Collection particulière
Le Port de Saint-Tropez
1893
Huile sur toile
Collection particulière
En 1893, Luce réalise une grande toile présentant le port de Saint-Tropez. Comme dans d'autres œuvres, le clocher de l'église Notre-Dame de l'Assomption offre un beau point de fuite au paysage. La perspective du quai est rythmée par les devantures colorées des boutiques devant lesquelles les passants profitent de l'ombre. En 1897, Luce reproduit certains paysages peints en chromolithographie. C'est le cas du Port de Saint-Tropez dont vous pouvez retrouver la lithographie dans nos collections permanentes. Cette technique permet un dessin très net et précis et donc une composition presque identique. Le travail est complexe: l'artiste doit encrer une matrice en pierre par couleur pour obtenir puis y apposer la feuille successivement
les différentes teintes. Luce parvient, avec une touche élargie, à recréer les contrastes colorés et la grande luminosité de la scène.
Femme à sa toilette
MAXIMILIEN LUCE (peintre), ANDRÉ METTHEY (céramiste)
1907
Faïence stannifère
Collection particulière
Baigneur assis
MAXIMILIEN LUCE (peintre), ANDRÉ METTHEY (céramiste)
Vers 1907
Faïence stannifère
Paris, collection Larock
Femme assise de dos dans un paysage MAXIMILIEN LUCE (peintre), ANDRÉ METTHEY (céramiste)
Vers 1907
Faïence stannifère
Paris, collection Larock
Nu à la sortie du bain et motifs géométriques
MAXIMILIEN LUCE (peintre), ANDRÉ METTHEY (céramiste)
1906-1907
Faïence stannifère
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2019.1.1
Les Femmes et les Fleurs
1895
Coffret en bois peint
Paris, Hélène Bailly
Saint-Tropez ou Pins au bord de la mer
Vers 1890
Huile sur carton en forme d'éventail
Collection particulière
Grâce à des prêts exceptionnels privés, et à une récente acquisition du musée de l'Hôtel-Dieu de Mantes-la- Jolie, les arts décoratifs de Luce sont pour la première fois mises en valeur. Luce a réalisé quelques peintures murales dès 1892 et a gardé le goût des formats ovales, en frise ou en éventail pour ses toiles. Plusieurs coffrets sont également connus. Dans la vitrine, Les femmes et les fleurs reprend la végétation et les baigneuses tropéziennes. Ces motifs particulièrement colorés et décoratifs sont très présents dans les faïences que Luce peint. Comme Friesz, Matisse, Derain ou Valtat, Luce collabore en 1907 avec son ami le céramiste André Metthey. Il crée des assiettes qui sont traitées à la manière d'oeuvres d'art et pensées pour être accrochées. En parallèle, les éventails constituent le lien parfait entre le domaine de la peinture et celui de l'objet.
La Verrerie
1895-1899
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2023.3.1
BELGIQUE, LE CHOC DU PAYS-NOIR
Les pinceaux de Luce s'agitent également à l'étranger. Les expositions collectives auxquelles il participe très tôt l'amènent à Bruxelles, notamment à l'Exposition des XX, en 1892. Luce retourne en Belgique trois ans plus tard sur l'invitation de son ami, le poète Émile Verhaeren. Il découvre Charleroi, chef-lieu d'une région industrielle qui compte un quart des mines belges et 80 000 ouvriers.
Le dépaysement est total. Luce, familier des faubourgs industriels d'Île-de-France, est bouleversé par cet environnement lunaire, où le noir du charbon domine. Il se confie à Henri-Edmond Cross: « Ce pays m'épouvante [...] C'est tellement terrible et beau que je doute de rendre ce que je vois ». Quel défi de peindre ce paysage hostile, dominé par des terrils gigantesques et des cheminées. Luce peint sans relâche la région, de jour comme de nuit, longeant la Sambre, lors de quatre voyages réalisés jusqu'en 1899. Le résultat présenté à la galerie Durand-Ruel la même année, avec 33 tableaux, est un triomphe de couleurs.
Hauts Fourneaux à Charleroi
1896
Huile sur toile
Charleroi, Collections du Musée des Beaux-Arts, inv. MBA n° 692
Environs de Charleroi, la fabrique de briquettes sur les bords de la Sambre
1896
Huile sur toile
Collection particulière
Terril de charbonnage
1896
Huile sur toile
Ixelles, musée d'Ixelles, inv. OM 127
La Sambre à Marchiennes
1899
Huile sur toile
Collection particulière
Les Hauts Fourneaux
1898
Lithographie en couleurs
Collection particulière
Fonderie à Charleroi, la coulée
1896
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu-Maximilien Luce, inv. 98.04.06
Bien que Luce soit très engagé dans la défense des droits ouvriers et qu'il publie régulièrement des dessins anticapitalistes dans la presse anarchiste, ses peintures du Pays-Noir ne traduisent aucun militantisme. En 1896, il publie dans La Sociale dix dessins d'après les sculptures de Constantin Meunier intitulés «Les Gueules noires». C'est la première fois qu'il représente les mineurs, corroyeurs de fer et autres ouvriers. Il approfondit sa vision en 1897 en pénétrant avec Paul Signac dans une mine et une aciérie. Dans cette scène de fonderie, et comme sur les chantiers parisiens, Luce ne montre aucun misérabilisme ni glorification des ouvriers. Il illustre la diversité de leurs corps, tendus dans l'effort ou harassés, à contre-jour des fours béants.
Usines près de Charleroi
1897
Huile sur bois
Paris, musée d'Orsay, inv. RF 1990 27
Le collectionneur Camille Laurent accueille plusieurs fois Luce à Charleroi, entre 1896 et 1897. Ces séjours prolongés lui permettent d'étudier les aciéries, briqueteries et fonderies. Amateur des nocturnes, Luce capture le spectacle pyrotechnique des usines. Il parvient à en tirer une grande beauté plastique en travaillant les contrastes des feux et des lumières artificielles dans la nuit. Ici, comme dans Les Hauts fourneaux à Charleroi, la touche très enlevée,
les empêtements et la palette violacée traduisent le bouillonnement qu'il observe. Bien que Pissarro juge ces toiles d'un «bleu roi, lourd »>, Luce continue d'affirmer sa personnalité au sein du groupe néo-impressionniste
LONDRES ET ROTTERDAM, LUEURS NÉO-IMPRESSIONNISTES
Luce effectue un premier séjour à Londres en 1877 avec le graveur Eugène Froment; il y retourne en 1892, invité par Pissarro, pour le consoler d'un chagrin d'amour. Bien qu'il soit d'un état d'esprit morose, il trouve du réconfort dans les paysages qu'il observe et produit de magnifiques oeuvres. La Tamise en est le sujet principal et Luce transcrit brillamment le typique brouillard londonien.
En 1907, il cède aux incitations régulières de Kees Van Dongen
à «<aller hors les fortifs» et parcourt pendant deux mois les Pays-Bas. Il visite Dordrecht, Amsterdam, La Haye et se délecte dans les musées. Il y découvre les chefs-d'oeuvre de Vermeer, Rembrandt et Ruysdael. Il apprécie moins la campagne qui lui paraît plate et monotone. C'est encore près de l'eau, le long de la Meuse et dans les ports, qu'il trouve son inspiration. Il y reconnaît l'« atmosphère très particulière »>, qu'il admire chez les maîtres hollandais, «qui n'est ni celle de Londres, ni celle de Paris, c'est plus argenté ».
Le Parlement
1892
Gravure sur bois sur papier Chine Collection particulière
Londres
1892
Gravure sur bois sur vélin mince Collection particulière
Un four à briques, le rabotage
1895-1900
Lithographie sur vélin Collection particulière
Londres et la Tamise dans la nuit
1892
Huile sur papier marouflé sur carton en forme d'éventail
Collection particulière
La Tamise et le Parlement à Londres
1895
Huile sur toile
Collection particulière
Le Port de Rotterdam
1907
Huile sur toile
Collection particulière
Luce trouve la ville de Rotterdam semblable à Londres. Ce sont les effets atmosphériques qui attirent son attention. Dans cette vue du port, le ciel et l'eau dominent. Luce excelle à rendre le ciel gris, chargé de fumées violacées, les lumières froides et les harmonies bleutées. Ces effets sont contrebalancés par les navires qui creusent la composition de leurs diagonales et la structurent par leurs mâts et cheminées. Cette toile ne laisse pas percevoir la difficulté qu'il eut à saisir l'intense activité du port: «Tout change à chaque minute. [...] Jamais l'on ne retrouve ce que l'on avait la veille et même dans la séance cela se transforme deux ou trois fois
La Drague à Rotterdam, la nuit
1908
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.23
Travaux à Rotterdam
Vers 1907-1908
Matrice en zinc
Collection particulière
Luce transcrit les paysages de Londres et de Rotterdam dans plusieurs gravures. Les tonalités monochromes des estampes lui permettent d'exacerber les contrastes. Plusieurs matrices en bois, exposées pour la première fois au public, nous montrent l'attention de l'artiste pour le dessin à travers le geste soigné du burin et du ciseau. Le même soin s'applique à la préparation des matrices en zinc pour ses gravures en taille-douce
Scène de quais
Non daté
Matrice en bois gravé et encré
Paris, collection Hélène Bonafous-Murat
ROLLEBOISE,
LA CONSECRATION DU «PÈRE LUCE»
En 1917, Luce découvre le village de Rolleboise, dans les Yvelines, grâce au céramiste André Metthey et au peintre Alfred Veillet. Il est charmé par ce lieu peuplé de paysans et de journaliers. La tranquillité du hameau lui plaît, ainsi que sa situation géographique incroyable. En 1922, Luce acquiert une maison, perchée sur le coteau calcaire, au pied de l'église, qui offre une vue panoramique sur les boucles de la Seine.
Luce suit alors les pas du maître Jean-Baptiste Camille Corot, qui a peint près de 70 toiles dans les environs de Mantes et à Rolleboise. Comme lui, Luce rend un vibrant hommage à la nature dans ses œuvres. Sa touche mêle de solides aplats et des coups de brosse plus vaporeux déclinant parfaitement les variations de vert. Il en émane une grande force picturale et une émotion simple, dont le tableau manifeste pourrait être Rolleboise, la baignade dans le petit bras. À sa mort en 1941, Luce est célébré comme le dernier impressionniste et un grand paysagiste ayant marqué la peinture de son temps.
Rolleboise, scène familiale devant la maison
Non daté
Huile sur papier marouflé sur toile
Collection particulière
L'Église de Rolleboise
Vers 1922
Huile sur toile
Collection particulière
La Seine à Rolleboise au printemps
Non daté
Huile sur toile
Bailly Gallery Genève-Paris
Rolleboise, la route en bord de Seine
1930
Huile sur papier marouflé sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 2021.1.17
Ce tableau représente la partie inférieure du village, composée de quelques habitations, traversée d'une route et bordée par le chemin de halage qui longe la Seine. Luce aime peindre les coins sauvages des îles et les bras morts du fleuve mais il s'intéresse aussi aux activités rurales. Ici, les silhouettes d'un homme au repos près de sa péniche et d'un autre poussant une brouette côtoient celles d'une voiture, avec un remorqueur fumant au loin: autant de signes qui rappellent l'attention que Luce porte au labeur.
Rolleboise, la baignade dans le petit bras
Vers 1920
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.45
Méricourt, la plage
1930
Huile sur toile
Mantes-la-Jolie, musée de l'Hôtel-Dieu - Maximilien Luce, inv. 98.04.55
Dès 1920, Luce reprend le thème déjà exploré de la baignade. Il le développe particulièrement en 1936, lorsque les premiers congés payés lui offrent des modèles vivants sur les rives de la Seine. Luce réalise des compositions très réfléchies mêlant les nombreux croquis qu'il effectue en plein air. Ici, il invente un ponton qui n'existe pas à Rolleboise pour disposer les différents corps sur une scène. Les répétitions colorées des maillots et des serviettes, et les rythmes des postures rendent la composition très aboutie.
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